#1 2011-03-15 08:23:20

19-31-81
Soviet Supreme
Lieu : exilé chez jeremy...
Inscription : 2010-10-01
Messages : 788

lettre à marc...

Cher Marc,

Il n’y a rien de pire que l’injustice. Ceux qui en sont les victimes ont le sentiment de ne pas mériter un tel sort. C’est hélas ce qui est en train de vous arriver, aujourd’hui... En quelques mois, un chic type, un grand joueur comme vous, a dilapidé le capital confiance que la planète rugby avait placée en lui.

Il y a trois ans, vous avez débarqué au sommet avec l’image d’un grand réformateur, vantant les vertus du jeu de mouvement, inversant les paramètres besogneux de l’ère Laporte, où seules la puissance et la discipline comptaient. Après les tranchées et les bulldozers de Nanard le spartiate, vous prôniez le retour des voltigeurs et des hommes libres. Il y avait de la légèreté et du panache dans votre posture.

Et puis, au fil des mois, pour des raisons encore mystérieuses, tout s’est détraqué. La belle machine s’est encalminée. Comme si l’horlogerie, pensée sur tableau noir, n’était qu’un devoir bâclé. Ou bien trop mal expliqué. Les joueurs, au fil des matchs, ressemblaient à des orphelins sans repères, sans direction de jeu, sans ce qu’on appelle pompeusement dans le rugby les "fondamentaux". On pensait que le malaise n’était que passager et qu’on rugueux débriefing de votre part pourrait redonner vitalité et moral à des professionnels trop inhibés par on ne sait quel tourment. Après les défaites, vous parliez comme si vos joueurs vous étaient étrangers.

Vous étiez à peine solidaire de leurs malheurs. Vous commenciez à ressembler, horreur, à un certain Raymond Domenech, reprenant si maladroitement l’antienne de la faute aux journalistes. Vous posiez déjà la tête sur le billot alors qu’on vous demandait d’aimer votre équipe. La comparaison avec Raymond le maudit n’était pas qu’une simple impression. Il suffisait de voir le visage de vos joueurs avant les matchs. On y voyait le même masque de peur, de solitude, que les Bleus de Raymond.

Pas de joie, pas d’allégresse. Cette équipe est pourtant composée de très grands joueurs, des professionnels irréprochables et intelligents, qui ressemblent peu aux gamins surpayés de Knysna. Alors, il fallait bien avouer que le mal venait de vous, d’un coaching de technocrate, trop froid, trop éloigné des joueurs. L’approche psychologique ? Vous laissiez cette sale besogne à vos adjoints, comme si vous aviez peur de faire don de vous-même à vos gladiateurs.

Comme Raymond le dédaigneux. En coulisses, on murmurait de plus en plus que le problème du Quinze de France venait bien de vous. Certains, au sein même de la Fédération Française de Rugby, envisagèrent de faire venir à vos côtés le génial entraîneur de l’équipe de France de hand-ball, Claude Onesta, pour qu’il vous transmette sa philosophie du jeu. En apparence, elle est si simple. On pourrait la résumer en une formule : le combat est une fête. Mais vous n’êtes pas fait de ce métal. Chez vous, la guerre des corps n’a rien d’une sarabande, mais plutôt du travail à la chaîne.

Ce vide entre les joueurs et vous crevait l’écran à chaque rencontre. Ces derniers semblaient l’accepter en silence, bons soldats, persuadés que leur inhibition allait bien finir par disparaître. Et puis vint la défaite contre l’Italie. Presque attendue, ou souhaitée par les spécialistes, comme pour crever l’abcès, sans doute la meilleure chose qui pouvait arriver aux Bleus. Cet électrochoc douloureux permet de vous poser la question respectueusement : faut-il attendre le début de la Coupe du Monde pour que vous envisagiez un départ avant qu’il ne soit trop tard ?

Avant que le syndrome Domenech, ce sale virus de l’ennui et de la névrose collective, ne dévore ces Bleus aux qualités certaines ? Les images de la télé ne mentent pas. Après le désastre romain, sur les écrans, vous ne donniez pas l’impression d’être un chef de guerre, mais un pion ulcéré par des gamins récalcitrants. L’effet était pathétique. Vous avez récidivé dans l’Equipe, le lendemain, avouant que vous n’aviez même pas parlé à vos joueurs après la déroute. Vous étiez, dîtes-vous, trop déçu. Le message subliminal que vous avez lancé à l’opinion publique, ce jour-là, est terrible, celui d’un entraîneur en distance, d’un homme qui ne veut pas jouer le seizième homme, ni solidaire dans la défaite, ni généreux dans le don de soi.

Comme Raymond D. Rude copie. Comme lui, vous étiez un défenseur rugueux. On vous surnommait "Le Sécateur". Raymond, lui, se faisait appeler du doux nom du "Boucher".

Cher Marc, il n’est pas encore trop tard pour s’éclipser en douceur, et ne pas écorner l’image du formidable joueur que vous étiez. Il n’y a pas de honte à confesser qu’on s’est trompé. Entraîner ne signifie pas traîner, mais porter les autres. Si la tâche est trop lourde, et c’est l’image que vous nous donnez, il faut en tirer les conséquences. Vous n’avez pas l’âme d’un missionnaire ? Bien. Alors, démissionnez. Les Bleus ont besoin d’amour, d’abnégation, et pas de règlements de compte en direct. La petite molécule du défaitisme que Domenech a inoculée aux footballeurs et qui a conduit à la honte nationale de l’été dernier a bel et bien pénétré le royaume d’Ovalie. Il faut l’enrayer au plus vite. Avant la catastrophe…

Serge Raffy - nouvel obs


Hors ligne

#2 2011-03-15 08:58:44

vengeur masqué
Soviet Supreme
Inscription : 2010-11-02
Messages : 976

Re : lettre à marc...

cher Serge,

Quand tu auras compris quelquechose au rugby français,avec les implications de la FFr,de la LNR,des sponsors,des medias,des clubs,des copinages de toutes sortes.....Et comme tu sembles feru des valeurs foutre balistiques,analyse,ce qui c"est passé avant et apres la"campagne sud africaine",c'est globalement la meme chose.

Alors en attendant que tu comprennes les tenants et aboutissants du foutre,je te confies cette petite chanson de notre chancre correzien....



Ah,si tu pouvais fermer ta gueule!


nota:j'ai ecrit chancre,et non chantre,je ne dois pas avoir toute ma tete ,ce matin

Hors ligne

#3 2011-03-15 13:58:10

franz
Administrateur
Inscription : 2010-10-04
Messages : 4 610

Re : lettre à marc...

"Raymond, lui, se faisait appeler du doux nom du "Boucher"."

????
Lorsque Domenech est passé aux Girondins de Bordeaux au débuts des années 80s (après avoir été champion de France avec Strasbourg qui s'appelait encore le RPSM en 1979-année de la remontée de D2) le surnom que le public bordelais lui donnait au parc Lescure c'était "Garrincha", rapport à ses qualités techniques hors du commun...
Pour ce qui était d'être un boucher, il faisait quand même petit joueur comparé à certains de ses coéquipiers comme Thouvenel, Specht (ex RPSM), Rohr, Girard, Tigana... A l'époque, les Girondins de Bez pouvaient se permettre toutes les exactions possibles et imaginables sur la pelouse de Lescure avec la bénédiction des arbitres qui se faisaient pourtant à l'époque copieusement insulter par un petit roquet hystérique nommé Giresse. Ceux qui l'ont loué ne l'ont probablement jamais vu jouer sous le maillot girondin à la barrière d'Ornano.
Pour finir la parenthèse footre, l'avant centre de l'époque (avec Bernard Lacombe) un certain Dieter Müller, avait reçu le nom de "Choucroute" rapport aux kilos excédentaires qu'il avait pris depuis son arrivée en Aquitaine.

Chevremont est un môvais coach. Ca on le sait depuis qu'il est arrivé en EdF. Mais quel est ce besoin de vouloir tout comparer systématiquement au ballon rond? Le journalos prendrait il les lecteurs pour des cons? (je ne devrais pas poser la question, je connais la réponse...)


Les glaçons? Des petits cubes d'eau gelée.

On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher.

Hors ligne

#4 2011-03-15 14:00:23

letarmo
Герой Советского Союза
Inscription : 2010-10-01
Messages : 21 163

Re : lettre à marc...

Sur le coup j'ai cru qu'on parlait de Jésus !
hé oui, vrairhum, le retour, de Jésus alias Marc, alias fils du sauveur.....;)
T'as eu chaud vengeur, avec toutes ces fautes heureusement que t'as pas oublié le n.

Hors ligne

#5 2011-03-15 16:11:17

olive252
Garde Rouge
Inscription : 2010-10-03
Messages : 124

Re : lettre à marc...

"Mais quel est ce besoin de vouloir tout comparer systématiquement au ballon rond"
Cette phrase fait quand même du bien, car effectivement a vouloir comparer tout est n'importe quoi on finit pas croire que tout ce vaut. J'ai entendu laporte pouffé dimanche soir a l'évocation du triste épisode footeux sudaf, et il s'est lancé dans de l'astrologie en imaginant l'effet d'une défaite contre les Nz (probable) et contre les tonga.... pathétique

Hors ligne

Pied de page des forums